Fénelon et le quiétisme

Par Laurence Saydon

 

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Le quiétisme est une doctrine proposée par le théologien espagnol Molinos, condamné par l’église en 1687 et introduite en France par Madame Guyon, une jeune veuve mystique, un peu exaltée.
Il suffisait de se mettre en état d’oraison pour atteindre,- en toute quiétude, et sans avoir à se soucier des rites ni des œuvres de charité-, à une communion totale avec dieu.
Fénelon s’est inspiré de ces idées dans son livre « les Explications des Maximes des Saints ». en 1697.
En effet, cette méthode impliquait le renoncement  à la prière et à la pratique des sacrements.
Fénelon ne fut pas insensible au début au caractère excessif de la doctrine ; il joua d’abord le rôle d’un directeur et d’un correcteur de conscience en s’efforçant de concilier la méthode quiétiste avec l’orthodoxie catholique.
 Mais Fénelon s’abandonna à la pratique du pur amour et son goût de spiritualité se nourrit de ce climat mystique. Il fut en effet séduit par cet amour de dieu, si dépouillé de toute attache terrestre, où l’adoration est épurée de recherche de récompenses ou de crainte de châtiments.
Cet état de quiétude parfaite réunit tous les actes de la religion : il dispense de toute réflexion sur dieu, sur ses attributs, sur Jésus Christ ; il exclut le désir de salut, de la sanctification et la crainte de l’enfer ; les pratiques de prières vocales sont supprimées, de même sont inutiles la confession, la mortification et toutes les bonnes œuvres.


L’Evêque de Meaux, Bossuet, vit une menace pour l’Eglise dans cette doctrine qui pouvait conduire à négliger les dogmes, à se passer de la hiérarchie religieuse pour communiquer directement avec dieu (péché de déisme).


La conférence d’Issy (1694-1696) condamna 34 propositions quiétistes tout en affirmant, à la demande de Fénelon, les principes de la perfection mystique atteinte par quelques grands saints, tels que Saint Thérèse et Saint François de Sales. La querelle semble apaisée.


Fénelon, nommé Archevêque de Cambrai, fut sacré par Bossuet en personne en 1695.


Puis, ce dernier soumet à Fénelon son Instruction sur les Etats d’Oraison.
Fénelon refuse de l’approuver, car il attaque directement Madame Guyon.
 
Fénelon répond en 1697 par ses Explications des Maximes des Saints et soumet son livre au jugement du Pape.


La dispute de Fénelon et de Bossuet se livre en France et à Rome.
En France, c’est une guerre de brochures où les deux protagonistes ne s’épargnent ni attaques ni calomnies.
 
 
On peut lire ce texte dans un Mémoire de 1696

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1-destituer 2-en crédit


Réponse de Bossuet dans Relation sur le Quiétisme,XI, 1698.

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1-Bossuet lui-même 2-Fénelon 3-Bien 4-Prophétesse 5-s’insurgent 6-sans compromis possible

?-Séduction détournement du droit chemin. ?- libertin : libre penseur ?-entendre : comprendre
?-souffrir : admettre.
 
A Rome, l’abbé de Chanterac qui représente Fénelon est doux et peu dynamique face au neveu de l’évêque Bossuet actif et intrigant.
C’est Louis XIV qui précipite la disgrâce de Fénelon en lui retirant son préceptorat et son appartement à Versailles.
Le Pape est contraint de condamner les Explications des Maximes des Saints de Fénelon en 1699 (ses propositions, mais pas sa personne).Fénelon se soumet solennellement avec une humilité qu’il voulait édifiante : il n’a pas plié devant Bossuet, mais s’honore de s’incliner devant le Pape.

LS