Le roi est mort

Sa majesté Louis le quatorzième, roi de France et de Navarre est mort le 1er septembre 1715 quelques mois après le décès de Fénelon.

Le jeune abbé François de Salignac de la Motte Fénelon, précepteur des enfants royaux, écrivit  dans les années 1693 une lettre au roi de France.

Peut être l' a -t-il écrit d'une manière anonyme

Il prit le risque d'exprimer ce qu'il pensait en son âme et conscience de la manière dont le roi exercait son pouvoir... dépenses somptueuses,  guerres incessantes;

Louis XIV en prit peut être connaissance à la mort du duc de Bourgogne quand il se saisit, pour les détruire, des archives du prince devenu dauphin de France.

 

 

                                            Rigaud Rigaud  

La Lettre A  L XIV p 1 - copie bis La Lettre A L XIV p 1 - copie bis  

La personne, Sire, qui prend la liberté de vous écrire cette lettre n'a aucun intérêt en ce monde. Elle n'écrit ni par chagrin, ni par ambition, ni par envie de se mêler des grandes affaires.

Elle vous aime sans être connue de vous, elle regarde Dieu en votre personne. Avec toute votre puissance vous ne pouvez lui donner aucun bien qu'elle désire, et il n'y a aucun mal qu'elle ne souffrît de bon cœur pour vous faire connaître les vérités nécessaires à votre salut.

Si elle vous parle fortement, n'en soyez pas étonné, c'est que la vérité est libre et forte. Vous n'êtes guère accoutumé l'entendre.

Les gens accoutumés à être flattés prennent aisément pour chagrin, pour âpreté et pour excès ce qui n'est que la vérité toute pure. C'est la trahir, que de ne vous la montrer pas dans toute son étendue.

Dieu est témoin que la personne qui vous parle le fait avec un cœur plein de zèle, de respect, de fidélité, et d'attendrissement sur tout ce qui regarde votre véritable intérêt.

 

Vous êtes né, Sire, avec un cœur droit et équitable, mais  ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner que la défiance, la jalousie, l'éloignement de la vertu la crainte de tout mérite éclatant, goût des hommes souples et rampants, la hauteur, et l'attention à votre seul intérêt.

 

Depuis environ trente ans, vos principaux ministres ont ébranlé et renversé toutes les anciennes maximes de l'Etat pour faire monter jusqu'au comble votre autorité, qui était devenue la leur parce qu'elle était dans leurs mains.

 

On n'a plus parlé de l'État ni des règles, on n'a parlé que du roi et de son bon plaisir. On a poussé vos revenus et vos dépenses à l'infini.

On vous a élevé jusqu'au ciel pour avoir effacé,disait-on, la grandeur de tous vos prédécesseurs ensemble, c'est-à-dire pour avoir appauvri la France entière afin d'introduire à la cour un luxe monstrueux et incurable. Ils ont voulu vous élever sur les ruines de toutes les conditions de l'Etat, comme si  vous pouviez. être grand en ruinant tous vos sujets, sur qui votre grandeur est fondée.