FENELON FAIT LE PELERINAGE A NOTRE DAME DU SAINT CORDON

FENELON EN SEPTEMBRE 1695 FAIT LE PELERINAGE A NOTRE DAME DU SAINT CORDON

  

La première venue de Fénelon à Valenciennes coïncida avec la célébration de la fête de 1695.

Venant de la cour de Versailles, Fénelon est arrivé dans le nord, dans archevêché de Cambrai en 1695.

Il se rendit à Valenciennes pour la fête du Saint Cordon. Bien que prévenu, l'archevêque fut surpris par cette manifestation de foi populaire, inhabituelle pour lui. Très impressionné il en fit un récit, en latin, à l'intention du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, dont il continuait à assurer l’éducation.  (1)

 

  Origine de la procession solennelle 

 

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Voici comment fut instituée la procession que les valenciennois mènent chaque année. En l'an mille huit du Seigneur, une funeste épidémie progressait au point de faucher presque toute, la race humaine.

 La foule s'écroule impitoyablement, formant des monceaux de corps. D’un  seul coup périssent les nobles d'une mort prématurée, les hardis jeunes gens, les jeunes vierges sont ravis. A la  chapelle de la Vierge mère de Dieu se rendent les citoyens, terrifiés, et ils la harcèlent de dons et de vœux. Aussitôt, un cordon mystérieusement tressé, descendant petit â petit du ciel, au  delà des murailles de la ville décrit un cercle au tracé resplendissant. A l'intérieur de ce cercle, soudain, les malades sont guéris et tous sont sauvés. Bouleversés par ce miracle, les citoyens, là où ce cordon salvateur. traversant les champs, avait ceinturé les remparts, décidèrent de mener cette procession. Ce rite, transmis à la postérité, subsiste aujourd'hui encore; il entraîne le rassemblement de nombreux habitants de Belgique. Des feuillages de fête et des fleurs odorantes jonchent les rues ; des tentures ornent les entrées des maisons.

Devant , en un long cortège, s’avancent vingt quatre confréries d’artisans, dont les étendards flottent au vent, suivent des confraternités variées, et, leur emboîtant le pas, les moines de divers ordres se groupent, distincts entre eux  par le genre et la couleur de leur vêtement

Juste après se dressent des châsses, au nombre de cent vingt environ, qui enferment les reliques des saints, objets de piété ; certaines de ces chasses sont en or, les autres en argent, et les magistrats revêtus de leur toge, pieds nus, tête basse, les portent sur leurs épaules.

  A la fin du cortège, le clergé chante des hymnes selon l’usage. Ils précèdent le prélat, reconnaissable à ses vêtements sacrés, auprès duquel se trouvent cinq abbés, que distinguent la mitre et le bâton pastoral. De part et d’autre se pressent en très grand nombre, dans la bousculade, les rangs de la foule ; les genoux fléchis, les yeux levés au ciel, les mains jointes, le visage souriant, ils aspirent aux bénédictions du prélat.

 Des fenêtres dépassent des têtes qui penchent et qui regardant  en bas, dévorent avec  des yeux avides la procession, les allègres jeunes gens, les vierges resplendissements , les vénérables mères de familles, les pères au grand âge, dont les cheveux blancs font la beauté et la noblesse. Une fois les murs franchis et la procession parvenue en pleine campagne, le prélat, protégé par un dais de lin, assis en compagnie des prêtres, écouta pendant une heure

un moine prêcher Quand le porteur de capuchon eut fini son prêche abondant,. toute la  

 procession qui s'était déjà amplement restaurée avant le départ, afin de ne pas manquer de forces pendant la route, se remit à banqueter. Les abbés eux-mêmes, tout parés qu'ils sont la  mitre, de la chape, des sandales et des gants brodés d'or se donnent du bon temps; joyeux, ils entourent de couronnes les bouteilles de vin, entrechoquent leurs coupes, vident les cruches; ils trinquent tour à .tour à la santé du prélat et à la leur: rayonnants, ils rivalisent  d'entrain. Une fois ces agapes accomplies avec enthousiasme, tous les ordres, sauf le prélat et les abbés, traversant les champs en dehors des faubourgs, font une promenade de deux lieus. De leurs chants pieux ils font résonner la vallée où coule l’Escaut, et les collines. 

aux formes variées. Ici bondissent des démons cornus, qui ont pris l’apparence des bêtes aux poils hérissés, la foule s’ébahit à la vue d’un dragon porteur d écailles et vomissant le feu, que foule aux pieds son vainqueur, Michel.

En grand nombre, anges et saints courent ça et là en tous sens.

La bienheureuse Vierge portée par un âne, tenant embrassé l’enfant jésus, gagne l’Egypte, et son époux vient derrière elle, activant la monture. C’est au milieu de ces jeux pieux qu’il regagnent l’église de la Mère de Dieu, d’où ils étaient partis et, poussant des cris de joie, entrent dans l’édifice. On sonne les cloches, le bruit des tambours heurtés frappe les astres. On dresse des tables dans la maison du prévôt ; on apporte un somptueux repas ; on organise  de joyeux concours de bombance. Tel est le rite solennel par lequel la ville de Valenciennes célèbre avec reconnaissance le salut jadis octroyé par le ciel."

 

 

Le texte, intitulé « Origo pompae solennis apud Valencenas quotannis agitatae » fait partie d’un ensmble de versions latines

a été présenté par   le professeur Félicien Machelart