Plan de Cambrai XVII siècle

LE SEMINAIRE DE FENELON

  

LE SEMINAIRE DE FENELON

 

Dès son arrivée à Cambrai en 1695,  François Salignac de la Mothe Fénelon, s'attache en priorité à la  formation des futurs prêtres de son diocèse, préoccupé qu'il est de

l'influence grandissante d'une doctrine très séduisante , le Jansénisme .
Sa confiance s'adresse d'emblée aux prêtres de Saint-Sulpice dont il apprécie la doctrine et la piété et dont il vénère le Supérieur, M. Tronson. Mais afin de pouvoir veiller personnellement à la formationdes séminaristes, Fénelon va s'employer à transférer à Cambrai leséminaire alors installé à Beuvrages prés de Valenciennes ce qui pose un délicat problème de personnel chez les Sulpiciens.


« Donnez-moi de bons cœurs avec un esprit droit,

je me charge de vous les mettre dans le droit chemin,

je vivrai en frère avec eux », écrivait Fénelon.
     

Ce n'est qu'en 1712, dix sept ans plus tard, que le responsable de Saint-Sulpice peut, depuis Paris, envoyer un Supérieur et un directeur pour l'administration du Séminaire à Cambrai.
En attendant de trouver les bâtiments qui puissent l'accueillir, le futur séminaire de Cambrai doit séjourner au refuge de l'Abbaye de Saint-André au Cateau, que Fénelon loue et restaure à ses frais. Il y fait des conférences hebdomadaires aux séminaristes

et il préside régulièrement leur examen terminal. Mais il doit  renoncer à un projet de rachat du refuge, que l'Abbé du Cateau tient à conserver pour abriter ses religieux en ces temps de guerres incessantes. Fénelon décide alors d bâtir un séminaire à

Cambrai...où le successeur de l'Abbé Denis ne parvient pas, pour des raisons financières notamment, à achever la reconstruction de la nef et du clocher de l'Abbatiale Saint-Aubert, l'actuelle  église Saint-Géry, entreprise depuis 1697.


Il accueille donc favorablement la proposi¬tion de Fénelon  d'acquérir une partie des nombreux immeubles que possède l'Abbaye entre les rues d'Inchy et du Marché aux Poissons pour y ménager l'emplacement du futur séminaire à proximité  du Palais Archiéspiscopal.
Fénelon est alors autorisé par lettres patentes du Roi datées  de Mai 1714 à emprunter jusqu'à 75000 livres sur les biens de l’archevêché pour acquérir-plusieurs maisons de Saint Aubert  d'hui disparues, -un grand immeuble récemment construit et que l'on conservera actuellement l’hôtel de Thun, aux 9, 9 bis et 9 ter de la rue du Marché aux poissons, -une maison (actuellement le 4 rue du Docteur Lermoyer) attenant à la propriété de Madame Mallet de Chauny, le n°6 de la rue du docteur Larmoyer

      Le séminaire actuel acquiert également une autre maison  de Saint-Aubert (le 2 bis de la rue Larmoyer), puis l'Auberge dite «La Garde de Dieu», en face de l'Archevêché donc isolée du reste, aujourd'hui incorporée dans la maison n°8

de la Grande rue Fénelon et destinée à être échangée contre deux petites maisons des Pères dominicains, contigües à la propriété de Madame Mollet de Chauny et s’ouvrant sur l'actuelle rue Louis Blériot.

Sont acquis enfin une petite maison appartenant à un certain Mr Hulot tenant à la grande bâtisse de la rue du Marché aux Poissons, et pour 1400 florins, la grande 'maison de Madame Mollet de Chauny avec «cour, jardin, lieu pourpris et héritages »ainsi qu’une autre maison face à la rivière devant l'église Sainte Elisabeth, petite paroisse proche de l'actuelle caserne Mortier.
Le rêve de Monseigneur Fénelon allait pouvoir se réaliser,  toutes les acquisitions indispensables à l'édification du futur séminaire étaient réalisées, sept maisons au total et un vaste terrain qui s'ouvrait sur trois rues. Le destin, hélas, devait en décider autrement : quatre  jours après le dernier achat, Fénelon expirait après une courte maladie.

 Plan de Cambrai XVII siècle CAMBRAI 6 Fenelon  
Plan de Cambrai XVII siècle
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Ses successeurs n'eurent guère le loisir de se pencher sur l'avenir du Séminaire : Jean d'Estrée mourut en 1718 à Paris, le Cardinal de la Trémoille , en 1720 à Rome. Quant au Cardinal Dubois, absorbé au plus haut point par ses fonctions politiques de Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères,

il est probable qu'il ne se rendit jamais dans son diocèse de Cambrai, mais il eut pour sa ville épiscopale une action bénéfique en y organisant un grand congrès international qui, à défaut de ramener sur tout le continent la paix espérée, retint, quatre années durant, dans une atmosphère de fêtes et de réjouissances, les ambassadeurs de toute l'Europe, ce qui lui valut l'appellation de «Congrès des Plaisirs».

     

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   DES JESUITES

 

 

 

 

 

Ce fut pour le Séminaire l'occasion de louer en 1721 et 1722 la belle demeure de la rue du Marché aux Poissons à M. de Marville, ambassadeur de France en Hollande,

et ambassadeur plénipotentiaire au congrés de Cambrai. donna à l'occasion de la convalescence du Roi Louis XV une fête rehaussée de remarquables lluminations à partir de « petites patelles de goudron enflammées »

qui formaient très lisiblement l'inscription « Vive le roi ».
       De l'ambitieux projet de Fénelon, il ne restait, début 1715 que des dettes. Il importait de rentabiliser au plus vite cet énormeensemble immobilier resté sans affectation. L'hôtel particulier acheté à Mme Maliet de Chauny ainsi que la petite maison de la rue Sainte-Elisabeth lui sont loués dés février 1715.

L'abbaye Saint André du Cateau engage un procès en 1721 pour reprendre le refuge de la rue des Récollets. Monseigneur de Saint Albin , archevêque de Cambrai, décide alors le retour des séminaristes à Beuvrages en 1726.

      La dissolution de l'ordre des Jésuites en 1764 va permettre  l'Installation définitive du Séminaire à Cambrai, dans les bâtiments de leur ancien collège avec mise à disposition de la Chapelle.   Louis XV approuva cet arrangement par lettres patentes datées de mai 1766 à Versailles «mettant ainsi les ecclésiastiques qui se préparent aux ordres sacrés sous les yeux de leur premier pasteur dont ils avaient été trop éloignés jusqu'ici » ... ainsi qu'il autorisait l a vente par le Séminaire des maisons et terrains acquis dans Cambrai.
Plusieurs immeubles furent détruits, et certains reconstruits, comme le n° 2 bis et 4 de la rue du Docteur Lermoyer, qui demeurèrent la propriété de l'Abbaye de Saint-Aubert jusqu'à le Révolution .

Les maisons de la rue du Marché aux Poissons furent acquises par Antoine Lamoral de Herbaix de Thun pour 15 500 florins.

Il construisit sur leur emplacement le bel hôtel particulier connu de nos jours sous l'appellation d'Hôtel de Thun.

L'ombre du « Cygne de Cambrai » continue de régner sur ce quartier secret et sur la Cathédrale Notre-Dame qui abrite son tombeau.

Le séminaire qu'il avait si ardemment souhaité s'établira à Cambrai,

dans des locaux lui appartenant 1e ter octobre 1766, soit avec un demi-siècle de retard.

André LEBLON
Mai 1995