Fénelon et Ramsay

conférence par le père Décarpentries

ramsay01 ramsay01  Notes à partir de la conférence du Père

Bernard Descarpentries

sur Fénelon et

Ramsay

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Mercredi 22 Février 2006 Cambrai, Salon Blanc de l’Hôtel de Ville.

 

 

Il faut, en introduction évoquer la rencontre de Fénelon avec Madame de Maintenon, puis avec Madame GUYON ainsi que la querelle de Fénelon et de Bossuet et la querelle sur le quiétisme qui sépara le maître d’avec son ancien disciple. Leurs vues religieuses et politiques divergèrent aussi quant à l’intérêt de l’Etat. N’oublions pas que la vie de FENELON s’écoule presque entièrement durant le règne de LOUIS XIV, souverain marqué à 10 ans, par les difficultés de la Fronde (1648-1652). Cette période lui laissera la crainte des Parlements, des révoltes, et la conviction qu’il faut « tenir » l’Etat.
Fénelon, archevêque depuis 1795, est exilé dans le diocèse de Cambrai le 1° août 1697, suite à la publication des Maximes des Saints. Il est à noter que si Rome a condamné les propositions quiétistes le 12 mars 1799 ; la condamnation ne touche pas la personne de Fénelon.

 

 

 

En 1711, il rédige les notes des tables de Chaulnes, qui est un projet de gouvernement. Les idées qui y sont développées sont très en avance sur leurs temps : chaque corps de la société doit apporter le meilleur. Les représentations corporatistes sont mises en exergue. Il est partisan d’une monarchie assistée par les états généraux et condamne le despotisme. Le souverain doit se soumettre à la loi morale, qui émane de Dieu, il doit être dirigé par le souci du bien public et guidé par des sentiments de justice et d’humanité.

L’idéalisme politique de Fénelon s’élève jusqu'à l’utopie d’une « république universelle » (au sens de la patrie du genre humain),et pour la Paix ne faudrait-il pas restituer les conquêtes royales à l’étranger ?
 
C’est dans le contexte d’une Europe déchirée par les conflits politiques et religieux que le chevalier de Ramsay (qui parle et écrit parfaitement le français) devient le disciple de Fénelon, en 1709.
Ramsay est né en 1686 à Ayr en Ecosse. Enfant, il est sans cesse déchiré entre une mère anglicane et un père calviniste. L’Angleterre du XVIème siècle a été déchirée par les querelles dynastiques et religieuses. On s’entretuait entre chrétiens au nom du « bon DIEU ». Toute sa vie, il sera à la recherche d’un équilibre spirituel et d’une doctrine plus assurée de la vie.
Il trouve auprès de Fénelon et de Madame Guyon des père et mère spirituels . Ramsay se convertit au Catholicisme.
À la mort de Fénelon en 1715, Ramsay rejoint Madame Guyon à Blois où la fondatrice du quiétisme français groupe un petit cénacle de disciples venus de toute l’Europe.
Elle meurt en 1717. Ramsay voyage, devient précepteur du petit-fils de Jacques II, puis de la famille de Bouillon et du prince de TURENNE. C’est un agent diplomatique des Stuarts.
Il est créé chevalier et baronnet d’Ecosse par le Régent en 1723. En 1727, il publie le voyage de Cyrus ou Cyropédie à l’imitation du Télémaque de Fénelon.               
 
À Londres en 1728 Ramsay est initié franc-maçon à la HORN LODGE puis il est reçu membre de la Royal Society et à la Gentlemen Society.
En 1735 il se marie avec la fille de Davis NAIRNE fondateur de la 1ère loge anglaise en France à St Germain en Laye.
En décembre 1736, il prononce un discours à la loge St THOMAS à Paris qu’il renouvellera à la Cour de Lunéville. Il ajoute aux trois grades maçonniques traditionnels (apprenti, compagnon, maître), des grades chevaleresques supplémentaires. Il fonde une franc-maçonnerie spirituelle qui ne tardera pas à évoluer en direction de l’ésotérisme. RAMSAY fait en effet remonter la maçonnerie aux croisés de Terre sainte et fait la distinction entre les Francs-Maçons opératifs (bâtisseurs de Cathédrales), et la Franc-Maçonnerie spéculative et spirituelle héritière des Templiers chassés de Terre Sainte.
Michel de Ramsay meurt à Saint Germain en Laye le 7 mai 1743. C’est le duc de DERWENWATER ancien Grand-Maître de la Grande Loge de France (fondée à Paris par WARTON en 1726) qui signe son acte de décès.
 
Peut-on trouver chez Fénelon des traces de maçonnerie ?
Si des loges spéculatives ont existé à Bordeaux, St Germain en Laye, Dunkerque dès 1689, elles ne concernaient que des exilés anglais. La Mother Lodge de Londres ne sera fondée qu’en 1717.
La première loge accueillant des Français ne sera fondée qu’onze ans après la mort de FENELON.
Les projets de gouvernement du prélat relève de l’esprit des Lumières et des théories économiques des physiocrates.
L’idée commune aux deux hommes est d’associer les élites au gouvernement des états. Fénelon affirme la souveraineté de la loi, condamne le luxe et exalte la vertu civique, il prône l’arbitrage et postule au-dessus de la souveraineté des états une sorte de droit international. C’est le premier mondialiste (Ramsay voit aussi dans le Franc-Maçon un citoyen du monde). Il propose une forme de démocratie dans l’Eglise proposant de revenir à l’élection des Evêques par le peuple des chrétiens.
Fénelon fut honoré au XVIII ° siècle et célébré comme un précurseur par les Révolutionnaires.
Ramsay fut l’ami d’ANDERSON et de DESAGULIERS, rédacteurs en 1723 des Constitutions de la Franc-Maçonnerie moderne.